Je sors du métro et au lieu de foncer dans la rue évidente, jonchée de fûts de mauvaises bières et de cadres plus ou moins supérieurs que moi, je bifurque à droite et emprunte le passage des Variétés, dont l’entrée est dissimulée par un restaurant en forme de wagon anglais, à l’intérieur duquel on devine les partitions de verre gravé, les assises capitonnées dodues comme des cantatrices soûles, inertes de trop de gin et de schnapps, près de Piccadilly Circus en 1898.
C’est le passage des philatélistes, et je repère des factrices qui prennent le café avec un marchand. La suite dans les idées. Quels trafics dentelés se trament là ? Je l’ignore. La mousse d’expresso colle au bord des tasses, forcément vintage. Motul ou Antar circa ’78.
J’écoute cette chanson qui me dorlote ces temps-ci, sans que je puisse vraiment l’expliquer. Cette gorge de cornemuse, Bryan Ferry-esque, ces rincettes de Casio CZ 5000 (je l’ai reconnu, juré craché, dois-je en être fier ?).
Au bureau à présent : Mode repeat. Je m’en remets une cinquième vague alors que je devrais être en train d’écrire sur la (excusez du peu) seconde vie des objets ou sur la magie des fêtes. Mais le cœur n’y est pas.
Leave me be, je l’interprète comme ça (j’ai pas consulté les paroles, ou j’ai oublié, les commentaires m’apprennent que Choir Boy vient de Salt Lake City, que ce sont des Mormons hipsters, ce genre, on n’arrête pas le progrès. Je me rappelle avoir vu beaucoup de reportages sur la secte, et de Karl Malone et John Stockton, aussi, des Utah Jazz) : comme une prière de te laisser dans ton gangue d’hébétude. Relativement tranquille. Ton café à côté. L’heure qui tourne. Les deadlines qui se périment, sans que le monde explose pour autant.
Ça fait très bien l’affaire.