Des commodes, des buffets et des vases à glaçure réactive se sont mis en travers de mon chemin ces dernières semaines. Réactions en chêne, hêtre ou ne pas hêtre, en verre ou contre tout. À trop jongler avec des mots qui payent le loyer, le café équitable et les compotes Andros, je me suis abîmé la tête. Et dans ces colonnes, je ne voudrais pas seulement meubler. Mais il est grand temps de relancer la machine.
J’aime ce disque de solitude. Doudou rêche de mes penchants autarciques. Quand je le mets sur la platine, je me prends à rêver d’un temps offert, à m’enfermer quelque part, à faire quelque chose que j’aime, aussi inutile que tout le reste officiellement bête et de mauvais goût, mais quelque chose que j’aime vraiment.
Will Sergeant est le guitariste d’Echo and the Bunnymen. Il a sorti quelques disques en solo, dont celui-ci, qui atteignit paraît-il les sommets des charts indie de l’époque (1982). Ça laisse songeur…
Je n’en sais pas beaucoup plus, car comme c’est souvent le cas avec les beaux disques qui ne demandent rien à personne, pas d’étiquette ni gloss, pas de ce fameux storytelling qu’on me conjure chaque jour de débobiner au kilomètre.
Rien qui ruisselle de son autre carrière. Ici presque pas de guitares. Grinçants halos ici et là, espèces de fritures sur la ligne. Et toujours hors-champ. Pas exactement entre les deux oreilles.
Grind. Soit moudre, broyer, écraser, piler.
Mais ne pas en déduire que ces variations s’apparentent à un florilège lugubre, à des rondes sur des jambes effectivement pulvérisées. Non. Plutôt 46 minutes fascinantes, lestes, jamais tout à fait les mêmes, et jonchées de petits feux de joie et de gracieuses faillites en guise de carburant qui fait tourner, pas très rond, ces machines insouciantes et sombres, infiniment consolantes.