Un blogueur américain expliquait, en substance, que ce disque pouvait s’envisager comme l’album perdu d’une hydre à deux têtes qui aurait pu se nommer Joy Order ou New Division. Et qu’il ne pouvait par conséquent pas se permettre lui accorder autre chose qu’une note maximale. Je trouve que c’est une attitude saine.
In Silence vaut toutefois plus que la somme de ses influences, et fait figure d’anomalie affolante dans la carrière par ailleurs fadasse, bouillon cube, des norvégiens. Qu’on aimerait mieux passer sous silence, justement, tant elle déborde de berceuses couillonnes du bulbe, patiemment carrelées de pianos midi, ânonnées façon anglais deuxième langue. On se dit alors que les 37 minutes de ce galop d’essai tiennent de l’accident total, ce qui ne manque pas de les rendre d’autant plus fascinantes.
Heureux, l’accident. Enfin, façon de parler. Parce que c’est un recueil sur mesure quand tu as envie de t’enduire de solennité, pour mieux glisser dans les longs couloirs de correspondances, à travers les portes automatiques, comme une anguille de douleur.
Même en collant benoîtement à l’analyse du confrère d’outre-Atlantique susmentionné ; il est ici peu de dire que la tchoure, le cannibalisme, ont du bon. De la cervelle infectée à la pulpe mancunienne du balbutiant duo de Nessoden s’échappent des rythmes de discorde, complètement cagneux, des messes basses comme s’il en grêlait, des rasades d’acides synthétiques. Et au travers du sévère camaïeu : une concision, une efficacité franchement redoutables, et des trouvailles qui, trollez-moi, surpassent leurs modèles plus souvent qu’à leur tour. Si c’est un disque de mainate, eh bien il a des aiguilles plein les articulations, qui trafiquent ses redites, transfigurent ses (l)imitations. Ce qui est beau aussi, c’est que la sève reste punk, zéro trace de compétence virtuose. On s’y croirait. Au fond du trou. Je recommande.
Été Maussade 