L’ancien étudiant en histoire de l’art que je suis ne peut qu’être comblé par les huit fragments qui composent ce très racé Eternal Return, comme autant de trésors infimes et sibyllins rassemblés dans une belle vitrine doublée de velours. Que ce soit le choix d’une pochette au romantisme aveuglant, celui des titres ; Auriga, Triforium, qui refont perler les sueurs froides mêlées d’extase des partiels d’art antique et médiéval, ou le simple jeu des couches sédimentaires, ce pêle-mêle de plages ambiantes, de dénivelés abrupts ; de l’ivresse d’un sommet de tumulus à l’écho sépulcral des excavations synthétiques, tout émoustille l’accro repenti aux cappuccino à 40 centimes (de franc) qui errait sans but dans les couloirs fanés, venteux et sans issue de cette fac mal foutue. Ah ! Le temps jadis.
Brian est un américain installé à Glasgow et je crois qu’il est bel et bien archéologue ou quelque chose dans ce goût-là. D’où, sans doute, son penchant immodéré pour les bécanes ancestrales (pour le grand plaisir des écumeurs d’Ebay/Le Bon Coin : Juno-106, SH-09, MC-202, TR-606, TR-707, VP-03, Six-Trak, Arp Odyssey, & M1) mais aussi –permettez-moi cette audace en ce mercredi matin – sa capacité à aller creuser plus loin que beaucoup d’autres. Et surtout, à ne pas piétiner avec les mêmes gros cothurnes, les mêmes grosses Nike Air à semelles crantées, ses trouvailles mises à jour à la petite brosse.
Affleurent sous ces caresses expertes, tantôt des monuments de pop stoïque, tantôt des runes antalgiques, tracées dans quelque argile sourde, mais toujours en faveur d’une topopgraphie émotionnelle aux contours fantasmés, austère comme un kouros de Mycènes, rectiligne comme un périptère. Une chose qui se fait rare et presque choquante, ainsi résolument précieuse. Comme la pomme d’or d’une logique, d’un état d’esprit disparus ou indéchiffrables depuis des lustres.
À commander ici : https://cadentrecords.bandcamp.com/album/eternal-return
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Été Maussade 