Avec un titre de billet comme celui-ci ; bousillés tous mes rêves de vignettes au cordeau, d’orthogonalité bloguienne… Mais j’accepte pareil capharnaüm de bonne grâce puisqu’on va causer d’un de mes groupes fétiches.
YOU SAY YOU WANT EFFICIENCY, BUT THAT JUST DOES NOT APPEAL TO ME
J’ai acheté le single dont est tirée la chanson qui contient cette maxime antalgique à même le coffre des deux gusses, juste après leur concert au Rip It Up Festival #2 à Säffle, 200 kilomètres au nord de Göteborg – ne me demandez pas ce que je faisais là. Je leur ai dit que “Ite wows vairy goude”, mais je crois qu’ils s’en fichaient pas mal.
L’unique scène du festival, installée dans le prolongement d’une baie de déchargement de poids-lourds, comme celles qu’on voit dans les marchés gares, donnait sur des champs à perte de vue. Plat pays ce coin-là, moi qui m’attendais davantage aux berges mordillées de fjords à la beauté hautaine… Moi, le géographe.
Se pressait là le tout Göteborg jeune et vigoureux. L’infâme bière Kung coulait à flots. Bien vite, la peau sur l’os des pommettes était sèche, parcourue de petites veines comme des rouflaquettes en corail, placées bien trop haut sur le visage. Ça riait grassement à des private jokes qui me rendaient envieux. Le clou du week-end devait être Dan Treacy et ce qui restait des Television Personalities, mais pour moi ce furent bel et bien ce grand dadais à moustache discutable et cet escogriffe à basse et frange ondulantes.
Ils rentraient littéralement dans leurs chansons, je veux dire comme une Opel Corsa dans un mur de briques chez moi, de pierres de taille ou de contreplaqué partout ailleurs. Et ça beuglait des paroles vitales et salaces ; psaumes de baston, de picole, gerbes de fiel sur le ronron quotidien, l’autorité mesquine – que je comprenais malgré moi. Un autre géant dans mon dos – que j’appellerai Jens Haleine – m’expliqua, pas impressionné pour un sou, que c’était juste “the Gothenburg way of singing”. Je lui ai dit, sans le regarder dans la bouche, que pour moi, c’était une révélation. Ça te fait dresser les soies sur le radius et le cubitus par dessus le marché.
I CAN’T STAND YOUR TEARDROPS
Et je me rendais compte que ça n’avait aucun sens de s’escrimer devant une assemblée qui les avait sans doute déjà trop vus, dans les cafés-concert, dans les boîtes minuscules, et en même temps, tout le sens du monde. Un concentré de niaque et de lassitude qui dépeint assez bien ce que c’est que c’est que de se produire.
Au détour d’un refrain ou d’une coda revêche comme une beigne dans la tronche : la saveur âcre de ce terrible pays, ses perspectives faméliques, tout le spleen et la révolte insondables qui l’irriguent comme du miel frelaté – peut-être les seules choses que nous devrions rêver de lui chiper au bout du compte.
IF YOU’RE HERE FOR ENTERTAINMENT WE CAN GO OUTSIDE AND FIGHT
Je deviens de plus en futé de post en post et je sais à présent qu’une douzaine de chansons valent mieux que mille métaphores tarabiscotées et qu’il serait de surcroît imbécile de tirer à la ligne éternellement alors que ce duo précieux à mon cœur parvient à vous retourner comme un gant en 150 secondes chrono. Leurs vociférations sont le meilleur onguent sur la brûlure d’une x-ième journée café filtre/pensée positive/sourire aux lèvres-suicide à la plèvre. Un fun qui te terrasse et une tristesse qui te pompe un peu d’entrain dans le derche.
PLEASE DON’T ASK ME IF IT’S REAL
Si vous parvenez à faire fonctionner le lecteur de MySpace, une de leurs chansons la plus incroyable s’y trouve, toute pomponnée et posée lapin dans ce grand site en friche. Allez-y faire un tour, tout est resté dans son jus, le top 8, les petites photos, chaque espoir foufou.
* https://soundcloud.com/mydarlingyou
* https://www.youtube.com/watch?v=OX1cl3pzj_Y