AU PANTHÉON : EMPRESS

Comme la tentation puérile de rendre copie blanche – à l’exception de quelques liens, quelques images – dans l’espoir qu’on me donnera vingt sur vingt, pour l’audace, l’à propos de la dérobade. On parle si mal de ce qu’on aime. Avec trop de gourmandise. Et quand, comme Empress, on ne cultive que le silence, le fugace, la miette… Ça cadre pas.

Puis, qui suis-je pour tenter d’en faire un monceau, une montagne magique ?

C’est très facile de passer à côté de ces chansons – et apparemment ç’a été largement le cas ­– noyés dans le tumulte que nous sommes, rougis par l’écarquillement, cagneux de notre gymkhana quotidien. J’ai eu cette chance. C’est pour ça que je m’efforce de les enturbanner de guirlandes, ces précieuses négligées.

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À l’origine, Empress vient de Leeds. Riante bourgade, tiens. Belles têtes de Moors. Géométrie variable. Duo, trio puis duo encore. Personnel : Nicola, Stewart (de Boyracer/Hood), Matty, Chris… Mais on n’entend jamais tant de doigts tricoter ces miniatures.

3 albums et une poignée de singles, une compilation de raretés (c’est dire !), éparpillés sur des labels aussi discrets qu’indispensables : 555, Geographic, Pehr.Empress1

Empress2Idées courtes et long manteau. Notes du début de ce siècle, piochées dans le petit carnet d’un ado finissant :

Folk d’un jour de pluie. Pour tout empire fragile : l’éthéré et le terreux. Dans l’écho de son silence, plus que dans mille autres disques. Havre traumatisant. Minuscules déserts. Friture.

Pour étoffer la démonstration, j’ai caressé l’idée de contacter Chris. Pour une raison qui m’échappe totalement, j’ai son adresse e-mail. Mais je me suis ravisé. Je lui aurais demandé quoi exactement ? Qu’est-ce que tu deviens ? C’est quoi tes influences ? Dis-m’en plus sur tes pédales d’effets ?

Quelle mauvaise idée.

Je voudrais vous convaincre. Mais que c’est dur, évangéliste. Je ne parle pas de chasser le mal à coups de paume, juste faire résonner le truc un minimum… Ce serait suffisamment miraculeux.

Ce qui m’avait bouleversé à l’époque, c’est que c’était, à mes yeux tout du moins, terriblement libre. Un monde complètement refermé sur lui-même. Ça m’avait dressé. À la dure. Appris que l’indicible ne devrait jamais se confondre avec l’abscons, ni la violence gratuite. Qu’il est nécessaire de concevoir ce type de cachettes à la vue de tous. De tirer du maillage ronronné les dissonances infimes. De creuser de patients acouphènes. De décorer le vide mais à l’encre sympathique. Jamais à grands coups de sang. Que c’est ça le panache authentique, la grosse paire de couilles, si y a que ça qui compte. Le perçant. La beauté. Le vrai sens.


* https://empress.bandcamp.com/

** https://555recs.bandcamp.com/album/1996-1999

*** http://www.dominorecordco.com/uk/geographic/29-01-07/empress/

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